La tempête fait rage

La tempête fait rage, il fait nuit mais on ne distingue aucune étoile, le ciel est couleur d’encre et la pluie tombe drue. Au milieu de la mer démontée, deux navires bravent la houle, ballottés comme de vulgaires morceaux de bois ils se rapprochent l’un de l’autre. Le plus gros des deux bâtiments arbore au sommet de son mât un étendard rouge orné d’une épée et d’un fléau, l’autre plus petit, fait flotter à sa vigie un étendard sombre où l’on distingue un crâne traversé par un sabre.
Ce sont des pirates.

Soudain on entend un cri, des grappins s’élancent du navire pirates et viennent s’agripper à la coque du bateau adverse. Poussés pas les vagues déchaînées les deux navires entrent en collision dans un effroyable craquement de planches, les deux coques se brisent sous l’impact dans une gerbe d’écume, les marins sont jetés à terre, certains passent par dessus bord et se noie. Les pirates surgissent alors tels des démons de l’obscurité, le sabre au clair ils se ruent à l’assaut du bâtiment tsuchi. Et pendant que les navires encastrés l’un dans l’autre poursuivent leur danse d’agonie dans la tempête une bataille sans merci s’engage sur le pont.
Les épées se croisent dans un tintement métallique, les flèches sifflent telles des promesses de mort, et par-dessus, le crépitement de la magie domine. Soudain du pont des pirate surgie une femme, elle est habillée d’une longue robe noir, sa chevelure couvre ses épaules et la puissance émane de tout son corps. Trois guerriers se ruent sur elle l’épée au clair, un éclaire éblouissant illumine brièvement la scène puis les trois hommes gisent au sol ; morts.

A cette vue un vent de panique commence à souffler dans les rangs tsuchis, certains même cherchent à fuir, c’est alors un mage lève son bâton et crie quelque chose, à ces mots les combattant reprennent courage et le combat continue de plus belle. Mais la femme en noir continue sa progression, semant des ravages autour d’elle, un autre guerrier s’interpose, il lève son arme et l’abat d’une rapidité et d’une précision extrême sur la sorcière, on entend alors comme un murmure dans le vent et le guerrier étonné ne sent aucune résistance sur sa lame . Surpris il regarde autour de lui et l’aperçoit à sa gauche, une étrange lueur brille dans sa main. D’un geste vif elle applique sa paume sur son torse, il sent soudainement la douleur s’emparer de tout son être et il est projeté loin en arrière, inconscient.
Les pirates ont maintenant l’avantage, les tsuchis ne sont plus qu’une poignée rassemblés autour du mât principal, ils font face à leur adversaire, mais la sorcière semble invincible.

C’est alors qu’un archer, resté jusque là en retrait sur la poupe du navire avance d’un pas mesuré vers le pont. Il s’arrête à mi-chemin et encoche d’un geste calme et lent une flèche, il bande son arc, la corde tendue frôle sa joue droite. Il plisse un œil et ajuste son tire, la pluie le gène et le pont tangue. Il sait qu’il n’a pas droit à l’erreur, le temps se fige pour lui, il ne sent plus le vent, il ne sent plus la pluie, il ne bouge plus. Sa respiration est calme et régulière. Tout son être se concentre sur son tir << je suis la flèche !>>
Ses doigts lâchent la corde et le trait mortel déchire l’air à une vitesse inouïe. La sorcière surprise se retourne, elle reçoit le tir en pleine poitrine. Elle pose un regard incrédule sur la tache écarlate qui se répand sur sa robe, puis elle s’effondre sans un bruit sur le pont.

Le mage se réveille en sueur et se redresse sur sa couche, <<encore ce rêve>>.