Totem forêt tsuchie Nord-Est

Les cavaliers sont partis depuis longtemps déjà et pourtant il n’ose sortir de sa cachette.
A-demi couché dans un grand buisson d’aubépine il scrute la lisière de la forêt à la recherche d’un quelconque signe de présence humaine. A une centaine de pas de lui il distingue la masse inerte du mage, il ne bouge plus, d’ailleurs comment le pourrait-il après les effroyables coups qu’il a reçu ? Pourtant il ne lui vient pas en aide, tout cela ne le regarde plus, il n’a cure des problèmes des autres, tsuchis ou pas.
Les oiseaux ont repris leur chant dans la forêt et tout semble calme. Il ramasse son bâton de chêne noueux et s’apprête à sortir du bois lorsque soudain de puissantes vibrations se font sentir et un sourd bourdonnement empli l’atmosphère. La sphère posée au sommet du totem à quelques mètres de lui se met à briller d’une lueur rouge vif. Le vrombissement devient de plus en plus fort, l’air semble se plier et se tordre comme un drap tiré par une main invisible.
Un craquement sonore retentit dans les arbres et une silhouette sematérialise brusquement au pied du totem.
Le vieil homme plonge derrière un arbre et l’observe ainsi dissimulé. Il remarque immédiatement les couleur pourpres qui ornent ses habits, à ses côtés se tient une licorne d’un blanc immaculé. L’archer est équipé d’un lance-pierre qui pend à sa ceinture, il ne semble pas porter d’armure mais on distingue d’étranges chaussettes jaunes et noires sous ses chausses. Derrière lui, juché sur la croupe de la licorne un gnome se tient au milieu des paquetages, il a l’air totalement apprivoisé et scrute le paysage d’un air méfiant.
Le nouveau venu enfourche sa monture et part au petit trot dans la plaine, le bruit des sabots se répercute un moment sur la route jusqu’à ce qu’ il arrive au niveau du corps. Là il arrête sa monture et met pied à terre puis s’approche près du mage étendu au sol et s’agenouille à ses côtés. A cette distance l’ermite n’entend rien mais il lui semble voir l’archer coller sa main au cou du mage, baisser la tête puis passer doucement le bout des doigts sur les yeux de ce dernier.


Une heure plus tard le cavalier rebouchait enfin la tombe qu’il avait creusée à l’aide d’une simple pierre. Il marqua un temps d’arrêt et tourna les talons puis parti au galop sur le dos de sa licorne en direction de l’ouest.

Tard dans la nuit une silhouette sortit du bois et s’avança sur le chemin, elle s’arrêta à hauteur de la tombe. A la clarté de la lune sur la pierre on pouvait lire le nom du mort suivit d’une courte prière adressée à Shankara.
<< hun hun hun... Shankara… cela compte aussi pour toi n’es-ce pas ? hun hun, allons… dépêchons, le temps presse…>>
Et l’homme se remit en marche d’un pas tremblant en s’appuyant sur son grand bâton de chêne noueux.